La Belgique a perdu 68% de ses exploitations ces 37 dernières années. En 2017, la Belgique comptait 35.910 exploitations: 23.278 en Flandre et 12.632 en Wallonie. En parallèle, la surface agricole utile (SAU) en Wallonie ne cesse de décroître depuis 1990. Cependant, on observe une augmentation de la superficie moyenne par exploitation : 25.8ha en moyenne en 1990, contre 56.8ha en moyenne en 2016. Ces dynamiques rendent compte d’une concentration des moyens de production[1]. De même, la superficie d’une exploitation en-dessous de laquelle une exploitation tend à disparaître a augmenté depuis les dernières années. Ce seuil de persévérance est estimé à 75-80ha alors qu’il approchait les 50 ha il y a 25 ans. Le critère de superficie de l’exploitation est devenu un critère d’importance au fil des ans.
Des enjeux financiers résident au cœur de ces dynamiques : le revenu annuel des agriculteurs wallons par unité de travail s’élève en moyenne à 9603€ en 2016. 38% ont travaillé pour un revenu négatif cette même année. L’activité agricole mobilise des capitaux importants ; Les capitaux mis en jeu par l’exploitant ont atteint en moyenne 638.000€. En réponse à ce besoin de capital, les agriculteurs contractent des emprunts sur de longue période ce qui a pour corolaire une baisse de leur solvabilité[2].
A ces enjeux financiers s’ajoutent des enjeux humains : relations intergénérationnelles et familiales, rapports hommes-femmes, isolement…Ainsi, en Wallonie, la main d’œuvre familiale représente la première source de main d’œuvre. Toutefois, le contexte d’une exploitation agricole met parfois les liens familiaux à rude épreuve. La famille se transforme en un foyer ambivalent, source de tensions. La question de la succession et de la transmission de l’exploitation est souvent source de difficulté. Pour 100 exploitants âgés d’au moins 50 ans, 16 d’entre eux déclarent avoir un successeur présumé. Ensuite, les femmes représentent 29.9% de la main d’œuvre du secteur agricole et horticole belge, contre 70.1% pour les hommes. En revanche, les conjoints des exploitants largement des femmes, représentent le deuxième groupe en importance numérique (3.745 conjoints dont 34.7% à temps plein). La question de la reconnaissance du statut des conjoints se pose alors. Toutefois, en Wallonie, 2 exploitants sur 3 n’ont pas de conjoint qui travaille sur l’exploitation. La solitude, l’épuisement professionnel et le stress sont des réalités auxquelles les agriculteurs.trices doivent faire face. En effet, une étude de Preventagri[3], a montré que le niveau de stress (30%) et d’épuisement professionnel (29%) étaient significativement plus élevés en agriculture comparativement à d’autres secteurs.
[1]Wallonie agriculture SPW (2018). Evolution de l’économie agricole et horticole de la Wallonie.
[2]Wallonie agriculture SPW (2018). Evolution de l’économie agricole et horticole de la Wallonie.
[3]Preventagri (2002). Stress dans l’agriculture en Wallonie et en Flandres : synthèse de l’étude exploratoire.